Émergence de Sympétrum de Fonscolombe (Sympetrum fonscolombii) © JP Delapré

Mis à jour : 09/12/2021

Toute observation devrait s'accompagner au minimum d'informations sur le stade de vie pour que la donnée soit de qualité. La présence d'une espèce dans un site donné est en effet une information importante mais pouvoir y associer un indice de reproduction est bien plus précieux en terme de conservation et de connaissance scientifique. En effet, l'individu observé peut être erratique (exemple des observations d'Hemianax eppiphigger dans notre région) et sa présence n'est alors pas aussi patrimoniale que si une population de Leucorrhinia s'y reproduit ! Et ce sont les stades de vie / sexes / comportement qui permettront d'avoir une reconnaissance automatique de cette information précieuse.

Il est donc très utile de faire un ou deux clic supplémentaire pour les renseigner systématiquement sur GeoNat'îdF. Ci-dessous, la liste des stades de vie et leur signification automatique sur les cartes de distribution ou les graphiques dynamiques de l'observatoire :

Reproduction certaine :

  • Exuvie ("carapace" abandonnée au moment de la métamorphose qui reste accrochée au support d'émergence et qui devrait être récupérée pour identification ultérieure) - Champ Stade de vie
  • Émergent désigne un imago qui vient de sortir de l'exuvie (reconnaissable aux ailes translucides brillantes : voir descriptif sur cette page) - Champ Stade de vie


Reproduction probable :

  • Immature : se dit d'un imago n'ayant pas encore les couleurs des adultes matures mais ayant les ailes transparentes non brillantes (contrairement aux émergences) - Champ Stade de vie
  • Larve (vivante dans son biotope larvaire) - certains considèrent ce stade comme une preuve de reproduction certaine mais le cycle n'a pas été bouclé et la larve peut ne pas aboutir à un adulte mature ... - Champ Stade de vie
  • Oeuf - Champ Stade de vie
  • Tandem (les deux partenaires accrochés l'un derrière l'autre) - Champ Comportement
  • Accouplement (en forme de coeur copulatoire) - Champ Comportement


N'oubliez pas de consigner le stade de vie "Imago" (= adulte) (Champ Stade de vie) dès que possible pour que la donnée soit prise en compte dans les périodes de vol mais il faut garder à l'esprit que plus l'information est précise (notamment en cas de comportement territorial ou tout autre indice de reproduction ci-dessus), plus elle sera exploitable pour affiner les cartes et diagrammes des espèces.

Transmettez vos observations via le portail GeoNat'îdF : chaque observation a son importance !

 

Les exuvies, ces indispensables alliées
 

Émergence d'Anax napolitain (Anax parthenope) © JP. DelapréOn appelle exuvie la « carapace » que laisse la larve de libellule derrière elle lorsqu’elle se métamorphose en individu volant. Elle possède des caractéristiques qui permettent de déterminer l’espèce.

La recherche d’exuvies est indispensable dans le cadre de l’élaboration d’un atlas car :

  • - c’est une des rares preuves de reproduction certaine (et donc d’indigénat),
  • - certaines espèces ne sont détectables qu’ainsi tellement elles sont discrètes à l’état adulte,
  • - l’évaluation d’une population sera bien plus fiable d’après le nombre d’exuvies trouvées que d’adultes volants

Si vous trouvez des exuvies, merci de les garder dans une boîte indéformable avec la date de récolte, le lieu précis et le nom du découvreur. Vous pourrez ensuite contacter un des coordinateurs pour convenir d’un moyen de les transmettre.

On se demande toujours s’il y a une technique infaillible pour repérer les exuvies… Quand on n’en trouve aucune autour d’une mare, on a l’impression qu’il nous manque des informations ou un truc pour tomber dessus malheureusement il n’y a pas de secret … quelques pistes cependant :

  • être systématique et patient (il est parfois plus facile d’en trouver en restant accroupi près d’une ceinture de Phragmites pour laisser l’œil s’habituer qu’en longeant avec des mouvements de main)
  • chercher après 3-4 jours de beau temps peut se révéler plus fructueux (elles n’auront pas eu le temps d’être décrochées par la pluie ou le vent)
  • ne pas hésiter à examiner la rive depuis l’eau plutôt que depuis la terre ferme
  • bien se concentrer sur 10 mètres plutôt qu’inspecter ponctuellement 100 mètres
  • cibler 2 ou 3 placettes avec des ombrages et des paysages différents pour un même lieu de prospection
  • chercher dans le cœur des massifs denses (de Joncs par exemple) ou dans des anfractuosités protégées (à la base des troncs) les anciennes exuvies qui auraient pu s’accumuler
  • certaines espèces préfèrent les ceintures d’hélophytes avec une ceinture arborée peu dense plutôt que sans arbres
  • un support isolé sera plus efficace (piquet/branche dans l’eau, touffe de Joncs sur une rive …)

>> Afficher le tableau récapitulatif des émergences à la latitude de Paris pour certaines espèces à enjeux

 

Émergence, immature et adulte
De la bonne utilisation des stades de vie et comportement

Les stades de vie "Émergent", "Immature" et "Adulte" sont parfois mal utilisés et pourtant ils sont très importants, notamment en tant qu'indices de reproduction ! Il apparait donc nécessaire de faire le point sur les différences et les critères d'identification pour éviter des erreurs scientifiques.

Ce sont bien trois stades de vie différents d'une libellule :

  • L'émergence (ou métamorphose) correspond au moment où la larve se transforme en individu volant. Par extension, on appelle "émergent" l'individu qui vient de sortir de l'exuvie (ce stade dure de une à quatre heures suivant la taille de l'espèce, on l'appelle aussi "ténéral"). Il n'a pas encore eu beaucoup de temps pour s'éloigner de son habitat larvaire et permet souvent de déterminer où l'espèce s'est reproduite.
  • L'immature n'est pas encore capable de se reproduire (de quelques heures à deux semaines suivant l'espèce), période durant laquelle il va subir une maturation parfois loin de ses zones de reproduction. Suivant les espèces, on peut considérer dans la plupart des cas qu'il n'a pas pu s'éloigner de quelques kilomètres maximum de son habitat larvaire.
  • L'adulte enfin est mature et tourne souvent autour de ses biotopes de prédilection à la bonne période de la journée.

Tableau récapitulatif des critères de reconnaissance des stades de vie 

Reproduction certaine Reproduction probable Reproduction possible

Ailes brillantes et translucides/laiteuses.

Le corps parait brillant, avec des couleurs très pâles et ne correspondant pas à celles des adultes

Ailes transparentes mais les couleurs ne sont pas encore très affirmées (ce stade se remarque plus chez les mâles n'ayant encore que les couleurs des femelles) Ailes transparentes et couleurs vives chez le mâle
(et parfois la femelle suivant les espèces)
Émergence Sympetrum fonscolombii © JP. Delapré Mâle immatude de Sympetrum fonscolombii © Jean-Laurent Hentz Imago de Sympetrum fonscolombii © JP. Delapré
Sympétrum de Fonscolombe (Sympetrum fonscolombii)
Émergent Immature Adulte
Émergent de Coenagrion puella © Benoit Guillon / www.meslibellules.fr Mâle immatude de Coenagrion puella © JP. Delapré Imago de Coenagrion puella © JP. Delapré
Agrion jouvencelle (Coenagrion puella)

 

L'ADN Environnemental

C'est une des techniques les plus récentes qui se développe pour les inventaires naturalistes. Elle devient de plus en plus efficace même si de nombreuses recherches et vérifications sont encore à prévoir. Des études de recherche et de développement ont eu lieu en Île-de-France à l'initiative de l'ARB îdF (anciennement Natureparif) et Spygen en 2013 et 2014.

Principe :

Il s'agit de prélever une petite quantité d'eau d'une mare (les résultats semblent plus fiables en milieu stagnant pour les Odonates qu'en milieu courant) que l'on fait analyser au laboratoire. Les larves et les individus qui sont rentrés en contact avec cette eau il y a moins d'une dizaine de jours y ont laissé quelques cellules. L'analyse en laboratoire permet alors d'isoler le matériel génétique (ADN mitochondrial). On peut alors placer des amorces d'ADN spécifiques qui permettront d'identifier les différentes espèces présentes dans l'échantillon. Ceci nécessite bien sûr une base de référence fiable et l'OPIE ainsi que la SfO travaillent de concert pour l'améliorer.

Le coût de ces tests sont aujourd'hui à la baisse (environ 250 euros pour une reconnaissance tous taxons odonates en 2015).

Les données récoltées dans le cadre des études franciliennes sont intégrées dans GeoNat'îdF (champ Technique d'observation "ADN Environnemental") et participent à l'amélioration des connaissances sur la répartition et la reproduction des espèces. Nous lui avons associé un indice de reproduction "probable".

 

Absence remarquée

Parfois il arrive que l'on visite des sites avec aucune libellule alors que la période et la météo sont favorables. Cette information est tout aussi précieuse qu'une liste d'espèces et mérite donc d'être notée dans GeoNat'îdF. Plusieurs cas de figure peuvent se présenter :

  • une mare/un étang sur lequel on n'a vraiment rien observé : dans l'onglet dédié à la saisie des taxons, on entre le taxon "Libellules =   Odonata Fabricius, 1793 - [OR - 185356]" et on indique dans le champ Statut d'observation "Non observé" et dans le champ Dénombrement Nombre min ="0" et Nombre max="0".
     Absence odonates GeoNat'îdF
  • dans le cas ou on a fait une recherche d'exuvies  (au mois de mai le long d'une rivière/d'un ruisseau à la recherche d'exuvies de Gomphe par exemple) en ciblant les prospections, on pourra sélectionner plutôt "Gomphidae =   Gomphidae Rambur, 1842 - [FM - 185360]" dans le taxon et préciser "Exuvie" dans le Stade de vie du Dénombrement.
     Absence remarquée exuvies

     

Dans tous les cas, il conviendrait de bien préciser dans la remarque les conditions météorologiques et le temps passé sur place lors des prospections. Ces données seront exploitées lors de l'élaboration d'une carte de synthèse sur la qualité de prospection (qui donnerait un aperçu du temps passé et de l'effort de prospection sur chaque maille indépendamment de sa richesse spécifique).